Développons un peu...
Le pédicure-podologue occupe une place singulière dans l'équipe pluridisciplinaire d'un EHPAD, intervenant sur une partie du corps souvent négligée mais fondamentale : les pieds.
Son expertise associe soins de confort et dimension préventive, contribuant directement au maintien de la mobilité et à la qualité de vie des résidents.
Une attention régulière portée à la santé podologique constitue un élément essentiel d'une prise en charge globale et attentive.
Pourquoi le soin podologique est une priorité en EHPAD
Des pieds fragilisés par l'âge et les pathologies
Le vieillissement affecte naturellement la structure et les fonctions des pieds.
La peau s'amincit, devenant plus vulnérable aux pressions et aux frottements.
Les coussinets graisseux plantaires s'atrophient, réduisant leur capacité d'amortissement.
La voûte plantaire s'affaisse progressivement, modifiant la répartition des appuis au sol.
Les articulations perdent en souplesse et en mobilité, transformant la mécanique naturelle de la marche.
Ces modifications physiologiques se combinent fréquemment avec diverses pathologies chroniques particulièrement prévalentes chez les résidents d'EHPAD.
Le diabète, l'artérite, les rhumatismes inflammatoires ou les séquelles neurologiques constituent autant de facteurs aggravants qui rendent les pieds plus vulnérables et nécessitent une surveillance spécifique.
L'impact direct sur la mobilité et l'autonomie
Des pieds douloureux ou inconfortables entraînent rapidement une réduction de la mobilité.
Le résident, pour éviter la douleur, limite progressivement ses déplacements, adopte une marche compensatoire néfaste pour l'équilibre, ou renonce complètement à certaines activités.
Cette restriction progressive du périmètre de marche accélère la perte d'autonomie et peut conduire à un déconditionnement physique global.
La spirale négative s'installe insidieusement : moins la personne marche, plus ses capacités diminuent, renforçant en retour la tendance à l'immobilité.
Les conséquences dépassent largement le cadre podologique, affectant la santé générale (risques cardiovasculaires, constipation, perte musculaire) et le bien-être psychologique (sentiment d'incapacité, isolement social, dépression).
Un facteur de risque majeur de chutes
Les troubles podologiques constituent un facteur de risque bien identifié dans la survenue des chutes chez les personnes âgées.
Des déformations comme les hallux valgus, des douleurs limitant le déroulement normal du pas, ou des ongles hypertrophiés modifiant le contact au sol perturbent l'équilibre et la stabilité lors de la marche.
Les chutes représentent un événement particulièrement redouté en EHPAD, tant leurs conséquences peuvent être graves : fractures, traumatismes crâniens, syndrome post-chute avec peur de se déplacer.
La prévention podologique s'inscrit donc naturellement dans la stratégie globale de prévention des chutes, aux côtés d'autres approches comme l'adaptation de l'environnement ou les programmes d'activité physique adaptée.
Prévenir les risques liés aux pieds fragilisés
L'évaluation podologique : base de la prévention
Le pédicure-podologue réalise une évaluation complète de l'état des pieds de chaque résident, idéalement dès son admission puis à intervalles réguliers.
Cet examen méthodique comprend l'observation de la peau, des ongles, des articulations et de la sensibilité.
Une attention particulière est portée à la recherche de points d'hyperpression, de zones de frottement ou de lésions débutantes souvent ignorées par le résident lui-même.
À cette évaluation statique s'ajoute, lorsque l'état du résident le permet, une analyse dynamique de la marche et des appuis.
Ces observations permettent d'identifier précocement les dysfonctionnements biomécaniques susceptibles d'entraîner des douleurs ou d'augmenter le risque de chute.
Ce bilan approfondi constitue le point de départ d'une stratégie préventive personnalisée.
Dépistage et surveillance spécifique du pied diabétique
Le diabète, particulièrement fréquent chez les résidents d'EHPAD, impose une vigilance redoublée.
La neuropathie diabétique diminue progressivement la sensibilité des pieds, rendant le patient incapable de percevoir les blessures, pressions excessives ou brûlures.
Cette perte de la sensation d'alerte, combinée aux troubles circulatoires également induits par le diabète, crée un terrain propice aux complications graves.
Le pédicure-podologue met en place un protocole spécifique de surveillance du pied diabétique, incluant des tests de sensibilité, l'examen minutieux des points de pression et la recherche des moindres signes d'atteinte cutanée.
Cette surveillance régulière, associée à des soins adaptés, permet de réduire considérablement le risque de plaies chroniques et d'amputation, complications redoutées du diabète.
Conseils et formation pour l'équipe soignante
Le pédicure-podologue ne pouvant être présent quotidiennement dans l'établissement, il forme les équipes soignantes à la surveillance podologique de base.
Des sessions pratiques leur permettent d'acquérir les compétences nécessaires pour repérer les signes d'alerte nécessitant l'intervention rapide du spécialiste : rougeurs persistantes, fissures, macérations entre les orteils, ongles incarnés débutants.
Des protocoles clairs sont établis pour l'hygiène quotidienne des pieds, définissant les produits adaptés, les techniques de séchage appropriées (particulièrement entre les orteils) et les soins hydratants recommandés selon les types de peau.
Cette vigilance quotidienne, relayée par des intervenants formés, constitue la première ligne de défense contre les complications podologiques.
Offrir des soins doux, réguliers et sécurisés
Soins des ongles et des callosités
L'hypertrophie unguéale représente l'un des motifs les plus fréquents d'intervention podologique en EHPAD.
Les ongles épaissis, déformés ou incarnés deviennent difficiles à couper pour le personnel soignant et peuvent engendrer des douleurs importantes limitant la marche.
Le pédicure-podologue dispose des compétences et du matériel spécifique pour traiter ces situations de manière efficace et indolore.
Les callosités, cors et durillons constituent également des sources fréquentes d'inconfort.
Ces épaississements cutanés localisés se forment en réaction à des pressions ou frottements excessifs et chroniques.
Leur élimination douce par le professionnel procure un soulagement immédiat et prévient l'évolution vers des formes plus douloureuses ou des ulcérations, particulièrement chez les résidents diabétiques ou artéritiques.
Prise en charge des mycoses et affections dermatologiques
Les infections fongiques sont particulièrement fréquentes chez les personnes âgées en raison de l'affaiblissement des défenses immunitaires, de l'humidité persistante entre les orteils et des difficultés d'hygiène quotidienne.
Ces mycoses, au-delà de l'inconfort qu'elles génèrent, peuvent constituer une porte d'entrée pour des infections bactériennes plus graves.
Le pédicure-podologue identifie ces affections et met en place un traitement adapté, associant soins locaux, conseils d'hygiène spécifiques et coordination avec le médecin traitant pour d'éventuels traitements médicamenteux complémentaires.
Sa formation lui permet également de reconnaître d'autres affections dermatologiques nécessitant l'intervention d'un dermatologue.
Adaptation de la fréquence des soins aux besoins individuels
La périodicité des interventions podologiques varie considérablement selon les résidents, en fonction de leurs pathologies spécifiques, de leur autonomie et de l'état initial de leurs pieds.
Pour certains résidents à haut risque, comme les diabétiques présentant une neuropathie avancée, des soins toutes les 4 à 6 semaines peuvent être nécessaires.
Pour d'autres, un rythme trimestriel suffira à maintenir un confort optimal.
Cette personnalisation de la fréquence des soins s'inscrit dans une démarche d'efficience, permettant d'allouer plus de temps aux résidents présentant les besoins les plus importants tout en assurant une surveillance de base pour l'ensemble de la population de l'établissement.
La programmation régulière des interventions garantit leur intégration harmonieuse dans le planning global des soins.
Travailler en lien avec kinésithérapeutes et infirmiers
Coordination des soins et partage d'informations
L'efficacité de l'intervention podologique repose en grande partie sur la qualité de la coordination avec les autres professionnels de l'équipe soignante.
Le pédicure-podologue partage systématiquement ses observations et recommandations, enrichissant ainsi la vision globale de l'état du résident.
Réciproquement, les informations transmises par les infirmiers ou aides-soignants sur l'évolution entre deux interventions permettent d'ajuster au mieux les soins proposés.
Des outils de transmission adaptés facilitent cet échange d'informations : fiches de liaison intégrées au dossier de soins, participation aux réunions de synthèse pour les situations complexes, ou encore photographies datées pour suivre l'évolution de certaines lésions.
Cette communication fluide et structurée garantit la continuité et la cohérence des soins podologiques au sein du projet global d'accompagnement.
Complémentarité avec la rééducation kinésithérapique
L'action du pédicure-podologue s'articule naturellement avec celle du kinésithérapeute, leurs domaines d'expertise se complétant pour optimiser la mobilité et l'équilibre des résidents.
Le kinésithérapeute travaille sur le renforcement musculaire, la souplesse articulaire et la rééducation à la marche, tandis que le podologue veille au confort podal et à la qualité des appuis.
Cette complémentarité prend tout son sens dans des situations spécifiques comme la reprise de la marche après une fracture, l'adaptation à une prothèse articulaire, ou la rééducation post-AVC.
Les échanges réguliers entre ces deux professionnels permettent d'ajuster mutuellement leurs approches et de mesurer les progrès réalisés sous ces différents angles complémentaires.
Conseil pour le chaussage adapté
Le choix d'un chaussage adapté constitue un élément déterminant de la santé podologique et de la prévention des chutes.
Le pédicure-podologue évalue les besoins spécifiques de chaque résident et formule des recommandations précises concernant les caractéristiques essentielles des chaussures : largeur suffisante, maintien efficace de la cheville, semelle antidérapante, fermeture ajustable.
Ces recommandations sont transmises aux familles, souvent chargées de l'achat des chaussures, mais également aux soignants qui veillent quotidiennement à l'utilisation effective de ce chaussage adapté.
Le podologue peut également proposer des insertions ou des orthèses plantaires pour compenser certaines déformations ou répartir plus harmonieusement les pressions, optimisant ainsi le confort et la sécurité lors des déplacements.
Témoignages : quand le confort des pieds change tout
La parole aux résidents
''Pendant des années, j'ai souffert de mes cors aux pieds sans oser me plaindre.
J'avais réduit mes déplacements au strict minimum pour éviter la douleur.
Depuis que Monsieur Martin, le podologue, vient me voir régulièrement, je redécouvre le plaisir de marcher sans souffrance.
Je participe à nouveau aux activités dans le jardin et je peux aller rendre visite à mon ami dans l'autre aile du bâtiment.
Ces soins ont véritablement transformé mes journées.'' Jeanne, 87 ans
''Avec mon diabète, mes pieds étaient devenus insensibles et je ne me rendais pas compte des problèmes.
La podologue a découvert une petite plaie entre mes orteils lors d'une visite de routine.
Grâce à sa vigilance et aux soins qu'elle m'a prodigués, la blessure a guéri rapidement sans complication.
Elle m'a expliqué l'importance d'examiner mes pieds chaque jour, et maintenant les aides-soignantes m'aident à le faire correctement.'' Robert, 92 ans
Le témoignage des familles
''Ma mère avait toujours été très coquette, soignant particulièrement ses pieds.
En arrivant à l'EHPAD, elle était très angoissée à l'idée de ne plus pouvoir bénéficier de ces soins qu'elle considérait comme essentiels.
La présence régulière de la pédicure-podologue l'a immédiatement rassurée.
Au-delà du soin technique, ces séances représentent pour elle un moment privilégié d'attention et de conversation qui contribue grandement à son bien-être moral.'' Fille d'une résidente
''Mon père était très réticent à l'idée de consulter un podologue, considérant que 'ce n'était pas pour les hommes'.
Après plusieurs mois de douleurs qui limitaient considérablement ses déplacements, il a finalement accepté une première séance.
Le résultat l'a tellement convaincu qu'il attend maintenant ces rendez-vous avec impatience ! Sa mobilité s'est nettement améliorée, et avec elle, son moral et son autonomie au quotidien.'' Fils d'un résident
Le point de vue des soignants
''En tant qu'aide-soignante, j'observe quotidiennement l'impact des soins podologiques sur le confort et la mobilité des résidents.
Après l'intervention du podologue, nous constatons souvent une amélioration immédiate de l'humeur et de la participation aux activités.
Les formations qu'il nous dispense nous ont également permis d'affiner notre vigilance quotidienne et de repérer plus précocement les signes nécessitant son intervention.'' Sophie, aide-soignante
''La collaboration avec le pédicure-podologue a considérablement enrichi notre approche de la prévention des chutes.
Ses évaluations spécifiques complètent parfaitement mes bilans kinésithérapiques.
Ensemble, nous avons élaboré des stratégies personnalisées qui prennent en compte tant les aspects musculaires et articulaires que podologiques.
Cette approche globale porte ses fruits : nous observons une réduction significative des chutes chez les résidents bénéficiant de ce suivi coordonné.'' Thomas, kinésithérapeute