Développons un peu...
Le service d'entretien du linge personnel en EHPAD propose une prise en charge attentive des vêtements et effets textiles appartenant aux résidents.
À travers des procédures spécifiquement adaptées aux besoins des personnes âgées, ce service assure le lavage, le séchage, le repassage et la distribution personnalisée des vêtements qui constituent le patrimoine vestimentaire individuel des résidents.
Bien au-delà d'une simple prestation technique, cette attention portée aux vêtements personnels contribue directement au maintien de l'identité, au confort quotidien et à la dignité des personnes, répondant ainsi à un besoin fondamental souvent sous-estimé en institution : celui de pouvoir continuer à porter ses propres vêtements, porteurs d'histoire personnelle et d'expression de soi, dans des conditions optimales de propreté et de présentation.
Pourquoi le linge personnel est un élément clé du bien-être
Vêtements et identité personnelle : un lien profond
Les vêtements ne constituent pas de simples éléments fonctionnels mais représentent des marqueurs identitaires significatifs qui accompagnent l'individu tout au long de sa vie.
Ils incarnent des choix esthétiques personnels, reflètent l'appartenance à des groupes sociaux, évoquent des périodes significatives de l'existence, et participent fondamentalement à l'image que l'on présente aux autres et à soi-même.
Cette dimension identitaire du vêtement, loin de s'estomper avec l'âge, prend souvent une importance accrue en contexte institutionnel où les autres marqueurs d'individualité peuvent se raréfier.
En institution, les vêtements personnels constituent l'un des derniers territoires d'expression identitaire pleinement contrôlable par la personne.
Pouvoir continuer à porter sa robe préférée, sa chemise habituelle ou son gilet tricoté par une proche représente bien plus qu'un confort - c'est une affirmation de continuité biographique et d'existence singulière au sein du collectif.
Comme l'exprime une résidente : Quand je porte mon tailleur bleu, celui que j'ai tant aimé porter pour les occasions spéciales, je me reconnais encore.
Je ne suis pas seulement une résidente parmi d'autres, je reste Madame Martin, avec mon histoire, mes goûts, ma personnalité. Cette dimension symbolique transforme le soin apporté aux vêtements personnels d'une simple question d'hygiène en un enjeu profondément lié au respect de l'identité et de la dignité de la personne.
Confort, sensorialité et bien-être physique
Au-delà de leur dimension symbolique, les vêtements personnels présentent généralement des caractéristiques sensorielles et fonctionnelles particulièrement adaptées aux besoins spécifiques de chaque résident.
Des tissus choisis pour leur douceur contre une peau devenue plus sensible, des coupes adaptées aux morphologies individuelles, des systèmes de fermeture familiers facilitant l'habillage, ou encore des extensions spécifiques pour accommoder certaines aides techniques - ces adaptations subtiles, souvent fruit d'un long processus d'ajustement personnel ou familial, contribuent significativement au confort quotidien.
Cette adéquation aux besoins individuels prend une importance particulière face aux fragilités cutanées et aux sensibilités accrues fréquentes chez les personnes âgées.
Un vêtement parfaitement adapté à sa morphologie et à ses sensibilités spécifiques réduit les risques d'inconfort, de compression, d'irritation ou de blessure.
Par ailleurs, la familiarité sensorielle avec ses propres vêtements - leur texture reconnue, leur poids habituel, leur tenue sur le corps - contribue à un sentiment de sécurité corporelle particulièrement précieux lorsque d'autres repères sensoriels s'altèrent.
Cette dimension tactile et proprioceptive du vêtement personnel, souvent négligée dans les approches standardisées, joue un rôle fondamental dans le bien-être physique quotidien et parfois même dans la prévention de certains troubles du comportement liés à l'inconfort sensoriel.
Dimension sociale et estime de soi
La présentation de soi à travers le vêtement conserve une importance sociale fondamentale jusqu'au grand âge, influençant tant le regard des autres que le sentiment de dignité personnelle.
Porter des vêtements propres, bien entretenus et choisis selon ses préférences contribue significativement au maintien de l'estime de soi et à la qualité des interactions sociales.
À l'inverse, des vêtements négligés, inadaptés ou impersonnels peuvent renforcer un sentiment de dévalorisation et accentuer le risque d'isolement social.
En contexte institutionnel, cette dimension sociale du vêtement joue un rôle particulièrement déterminant dans plusieurs sphères complémentaires : elle facilite le maintien de relations dignifiées avec le personnel soignant qui identifie la personne au-delà de ses besoins de soin, elle encourage les interactions entre résidents qui se reconnaissent mutuellement comme des individus singuliers, et elle préserve la qualité des relations familiales en réduisant le sentiment de dépersonnalisation parfois éprouvé par les proches.
Comme le souligne justement une aide-soignante : Quand Madame Dupont porte sa broche sur son chemisier bien repassé, comme elle l'a toujours fait, je vois d'abord la femme élégante qu'elle a toujours été, pas uniquement la résidente dépendante.
Cette dignité préservée change profondément la qualité de notre relation. Cette perception sociale positive, facilitée par un entretien attentif du linge personnel, nourrit un cercle vertueux où l'image de soi valorisée encourage l'engagement social, lui-même renforçant l'identité et le bien-être global.
Organiser un service de blanchisserie personnalisé et respectueux
Circuit du linge : organisation et traçabilité
Un service d'entretien du linge personnel de qualité repose sur une organisation méthodique et transparente du circuit complet, de la collecte à la restitution.
Ce processus, apparemment technique, revêt une importance considérable pour les résidents et leurs familles, pour qui les vêtements représentent un patrimoine personnel précieux et parfois irremplaçable.
Le circuit idéal combine rigueur organisationnelle et attention personnalisée à chaque étape : collecte respectueuse de l'intimité dans les espaces privés, identification systématique de chaque pièce par des méthodes discrètes mais efficaces, tri minutieux selon les caractéristiques textiles et les besoins spécifiques, et restitution attentive avec rangement dans les espaces personnels selon les préférences individuelles.
La traçabilité constitue un élément central de ce processus, tant pour des raisons pratiques que symboliques.
Des systèmes d'identification adaptés (étiquettes nominatives thermocollées, puces électroniques, codes-barres discrets) permettent de suivre précisément chaque pièce tout au long du circuit, réduisant considérablement les risques de perte ou de confusion - incidents mineurs en apparence mais souvent vécus comme des atteintes significatives à la propriété et à l'identité personnelle.
Cette traçabilité rigoureuse s'accompagne d'une transparence dans la communication : information claire sur les délais de traitement, alertes en cas de détérioration nécessitant attention, et dialogue ouvert sur les préférences spécifiques concernant l'entretien de certaines pièces particulières.
Cette rigueur organisationnelle, loin d'être une simple question logistique, constitue une manifestation concrète du respect accordé aux biens personnels et, par extension, à l'individualité de chaque résident.
Techniques et produits adaptés aux textiles fragiles
Les vêtements des personnes âgées présentent souvent des spécificités qui nécessitent des approches techniques particulièrement attentives.
Textiles plus anciens aux fibres fragilisées par le temps, pièces à valeur sentimentale nécessitant des précautions accrues, vêtements adaptés comportant des systèmes de fermeture spécifiques, ou encore tissus naturels délicats - ces caractéristiques requièrent une expertise technique qui dépasse largement les standards industriels habituels de blanchisserie collective.
Cette adaptation technique se manifeste à plusieurs niveaux complémentaires : sélection de programmes de lavage différenciés selon les types de textiles et leur fragilité spécifique, utilisation de produits lessiviels respectueux des peaux sensibles et des fibres délicates, techniques de séchage modulées évitant le rétrécissement ou la déformation des pièces fragiles, et méthodes de repassage préservant tant l'aspect esthétique que le confort des vêtements.
Les professionnels en charge de ce service développent une véritable expertise concernant l'entretien de textiles anciens ou délicats, souvent absente des circuits industriels standardisés.
Cette attention aux particularités de chaque pièce textile témoigne d'une compréhension fine de l'attachement des résidents à leurs vêtements personnels et de l'importance de préserver leur intégrité bien au-delà de la simple question de propreté.
Gestion des cas particuliers et des demandes spécifiques
La qualité d'un service d'entretien du linge personnel se mesure particulièrement à sa capacité à gérer avec souplesse et attention les situations sortant des procédures standardisées.
Des pièces particulièrement précieuses nécessitant un traitement manuel délicat, des vêtements adaptés comportant des éléments techniques spécifiques, des textiles anciens aux caractéristiques inhabituelles, ou encore des situations d'urgence requérant un traitement prioritaire - ces cas particuliers, loin d'être anecdotiques, constituent une part significative des besoins réels des résidents.
Cette gestion personnalisée s'appuie sur une communication attentive avec les résidents et leurs familles pour identifier les besoins spécifiques et les préférences individuelles : recueil initial des habitudes et consignes particulières lors de l'entrée en établissement, actualisation régulière de ces informations au fil de l'évolution des besoins, et prise en compte respectueuse des demandes ponctuelles.
Les équipes développent une sensibilité particulière aux attachements affectifs que peuvent représenter certaines pièces vestimentaires, adaptant leurs procédures en conséquence : traitement séparé pour des articles à forte valeur sentimentale, nettoyage manuel pour des pièces particulièrement fragiles, ou encore recours occasionnel à des prestations externes spécialisées pour des textiles nécessitant des techniques très spécifiques.
Cette capacité d'adaptation aux besoins singuliers, au-delà des procédures standardisées, constitue la marque d'un service véritablement centré sur la personne et ses attachements personnels.
Préserver l'intimité et les préférences vestimentaires
Respecter les choix personnels et l'histoire vestimentaire
Les habitudes vestimentaires développées tout au long d'une vie constituent un aspect fondamental de l'identité personnelle qui mérite d'être scrupuleusement respecté en contexte institutionnel.
Ce respect se manifeste à plusieurs niveaux complémentaires : prise en compte attentive des préférences concernant les associations de vêtements habituelles, respect des rythmes personnels de changement vestimentaire, attention aux occasions spéciales nécessitant des tenues particulières, ou encore reconnaissance des rejets spécifiques concernant certains types de vêtements ou certaines matières.
Au-delà des préférences explicitement exprimées, les professionnels attentifs développent une compréhension fine de l'histoire vestimentaire de chaque résident, particulièrement précieuse dans les situations où la communication verbale devient limitée.
Cette connaissance biographique permet d'anticiper certains besoins ou résistances : reconnaissance des tenues associées à des moments signifiants (tenue du dimanche, vêtements de fête), compréhension des codes vestimentaires générationnels (importance du présentable pour certaines générations), ou encore identification des significations symboliques attachées à certaines pièces (bijou offert par un proche, foulard porté lors d'occasions significatives).
Comme l'exprime justement une résidente : Ce n'est pas seulement une question de goût ou de confort, c'est toute mon histoire qui est dans ma façon de m'habiller.
Quand on respecte ça, je me sens reconnue comme la personne que j'ai toujours été. Cette attention aux significations profondes du vêtement transforme la question apparemment anodine des préférences vestimentaires en un enjeu majeur de respect de l'identité biographique.
Impliquer la personne dans les décisions vestimentaires
Le maintien du pouvoir de décision concernant sa propre apparence constitue un facteur déterminant de dignité et d'autonomie, particulièrement en contexte institutionnel où d'autres choix peuvent être limités par les nécessités organisationnelles.
Impliquer activement la personne dans les décisions concernant ses vêtements - depuis le choix des pièces à entretenir jusqu'aux préférences concernant leur rangement - représente bien plus qu'une attention de confort ; c'est une reconnaissance concrète de son statut d'adulte autonome dans ses choix personnels.
Cette implication s'adapte naturellement aux capacités cognitives et fonctionnelles de chaque résident : choix complets et explicites pour les personnes préservées sur le plan cognitif, propositions binaires simplifiées pour celles présentant des troubles cognitifs modérés, ou encore observation attentive des réactions non verbales pour les personnes ayant des capacités de communication très limitées.
L'objectif demeure constant : maintenir le maximum d'autodétermination possible concernant cette dimension intime de la présentation de soi.
Cette approche contraste délibérément avec certaines pratiques institutionnelles standardisées où les décisions vestimentaires sont parfois entièrement prises en charge par le personnel dans une logique d'efficacité, au détriment de l'autonomie décisionnelle.
Redonner cette place active dans les choix vestimentaires, même modestes, contribue significativement au sentiment de contrôle sur sa propre vie et à la préservation d'une identité singulière au sein du collectif.
Gérer avec tact les situations délicates
L'entretien du linge personnel s'accompagne parfois de situations potentiellement délicates nécessitant un tact particulier : vêtements devenus inadaptés à l'évolution de la morphologie ou des capacités fonctionnelles, pièces excessivement usées mais auxquelles la personne reste attachée, ou encore divergences de perception entre le résident et sa famille concernant les besoins vestimentaires.
Ces situations, fréquentes en pratique quotidienne, requièrent une approche alliant respect des attachements personnels et considérations pratiques.
La gestion de ces situations délicates s'appuie sur plusieurs principes complémentaires : communication transparente mais empreinte de délicatesse concernant les difficultés identifiées, recherche systématique de solutions préservant au maximum l'autonomie et les préférences de la personne, et médiation respectueuse en cas de divergences entre les différentes parties prenantes (résident, famille, équipe soignante).
L'objectif demeure constant : préserver la dignité et l'estime de soi à travers ces ajustements nécessaires.
Ainsi, plutôt que d'écarter brutalement une pièce vestimentaire devenue inadaptée mais significative pour la personne, les professionnels attentifs chercheront des alternatives préservant l'essentiel : modification discrète pour faciliter l'habillage, utilisation occasionnelle plutôt que quotidienne, ou encore intégration symbolique de l'étoffe dans un autre support utilisable.
Cette créativité bienveillante témoigne d'une compréhension profonde de la dimension affective du vêtement et du respect fondamental de l'attachement de la personne à certaines pièces au-delà de leur stricte fonctionnalité.
Travailler en lien étroit avec les familles si besoin
Communication transparente sur les besoins vestimentaires
Une collaboration fructueuse avec les familles concernant le linge personnel repose fondamentalement sur une communication claire et régulière.
Les proches jouent souvent un rôle déterminant dans l'approvisionnement et le renouvellement de la garde-robe, particulièrement lorsque le résident présente des difficultés à gérer lui-même cette dimension.
Cette collaboration s'enrichit considérablement lorsqu'elle dépasse la simple logistique pour intégrer une compréhension partagée des significations personnelles attachées aux différentes pièces vestimentaires.
Cette communication s'organise idéalement à plusieurs niveaux complémentaires : information initiale détaillée lors de l'admission concernant les spécificités du service et les besoins pratiques (quantité recommandée, types de vêtements facilitant l'autonomie, modalités d'identification), points réguliers sur l'évolution des besoins vestimentaires en fonction des changements de situation (variation de poids, évolution des capacités fonctionnelles, changement de saison), et échanges spécifiques concernant certaines pièces particulières nécessitant une attention spéciale.
Ce dialogue continu permet d'anticiper les besoins plutôt que de réagir aux difficultés, facilitant ainsi une gestion fluide et respectueuse du trousseau personnel.
Comme l'exprime la fille d'une résidente : Être informée à l'avance que les gilets de maman commençaient à être justes en raison de sa prise de poids m'a permis de prévoir sereinement leur remplacement, en l'impliquant dans le choix des nouveaux modèles.
C'est tellement plus dignes que d'attendre une situation problématique où elle ne pourrait plus les porter du tout.
Conseils pratiques pour les achats et adaptations
L'expertise développée par les professionnels concernant les vêtements particulièrement adaptés aux besoins spécifiques des personnes âgées institutionnalisées constitue une ressource précieuse à partager avec les familles.
Ces conseils pratiques, loin de standardiser les tenues, visent à concilier préférences esthétiques personnelles et fonctionnalités facilitant tant l'autonomie du résident que le travail des soignants.
Cette guidance peut porter sur différents aspects complémentaires : orientation vers des matières alliant confort et facilité d'entretien (tissus extensibles, matières douces non irritantes, textiles résistants aux lavages fréquents), suggestions concernant des coupes facilitant l'habillage tout en préservant l'esthétique (ouvertures adaptées, systèmes de fermeture manipulables malgré des troubles de dextérité), ou encore indications sur les adaptations discrètes possibles sur des vêtements existants pour les rendre plus fonctionnels (élargissement d'encolures, remplacement de boutons par des systèmes auto-agrippants dissimulés, ajout d'extensions élastiques).
Ces conseils techniques s'accompagnent idéalement d'une sensibilisation aux aspects psychologiques du vêtement pour les personnes âgées : importance des textures familières, valeur des couleurs dans la stimulation cognitive, ou encore rôle des tenues habillées dans le maintien des repères temporels et sociaux.
Ce partage de connaissances et d'expérience, toujours proposé sans imposition, enrichit significativement la capacité des familles à contribuer positivement au bien-être vestimentaire de leur proche.
Gestion partagée du trousseau et des renouvellements
La constitution et l'évolution du trousseau vestimentaire nécessitent idéalement une coordination harmonieuse entre l'établissement, le résident et sa famille, dans une logique de complémentarité respectueuse des rôles de chacun.
Cette gestion partagée, lorsqu'elle est bien équilibrée, permet d'anticiper les besoins, d'éviter les situations critiques (insuffisance de vêtements adaptés, pièces devenues inutilisables), et d'assurer une garde-robe toujours adaptée aux préférences et nécessités évolutives du résident.
Cette collaboration prend généralement la forme d'un processus continu plutôt que d'interventions ponctuelles : inventaire initial détaillé établi conjointement, actualisation régulière de cet inventaire pour identifier les besoins de renouvellement, planification saisonnière des ajustements nécessaires, et communication proactive concernant les pièces présentant des signes d'usure significative.
Pour faciliter cette gestion partagée, certains établissements développent des outils pratiques hautement appréciés des familles : guide personnalisé du trousseau idéal compte tenu des habitudes spécifiques du résident, document de suivi accessible permettant de visualiser l'état du trousseau, ou encore système d'alerte bienveillant signalant les besoins d'approvisionnement avant qu'ils ne deviennent problématiques.
Cette organisation préventive et collaborative transforme ce qui pourrait être vécu comme une contrainte logistique en une dimension positive de l'accompagnement, où chacun contribue selon ses possibilités au bien-être vestimentaire de la personne, dans une logique de complémentarité plutôt que de délégation unilatérale.
Témoignages : retrouver le plaisir de porter ses propres habits
La parole des résidents
Avant d'entrer ici, j'étais très inquiète pour mes vêtements.
Toute ma vie, j'ai été attentive à mon apparence - pas par coquetterie excessive, mais parce que pour moi, être soignée est une forme de respect envers les autres et envers moi-même.
J'avais entendu ces histoires de vêtements perdus ou abîmés en maison de retraite...
Au début, j'ai même envisagé de ne prendre que des choses simples que je n'aimais pas trop, pour éviter les déceptions.
Quelle erreur ç'aurait été ! Le soin qu'ils apportent ici à nos affaires personnelles m'a vraiment surprise.
Mes chemisiers en soie sont lavés à la main, mes lainages gardent leur forme, et j'ai même pu conserver mon tailleur bleu marine que je porte pour les grandes occasions.
Quand ma petite-fille vient me voir et me dit Oh, grand-mère, tu es élégante comme toujours !, je ressens une joie profonde.
Ce n'est pas seulement une question d'apparence, c'est de continuer à être moi-même, avec mes goûts, mes habitudes.
Porter mes propres vêtements bien entretenus me rappelle chaque jour que je reste Madame Durant, pas seulement une résidente parmi d'autres. Suzanne, 91 ans
Après mon AVC, beaucoup de choses sont devenues compliquées, y compris m'habiller seul.
Ce qui me chagrinait particulièrement, c'était de devoir renoncer à mes chemises à boutons que j'ai portées toute ma vie professionnelle.
Je me sentais diminué dans ces vêtements adaptés qu'on me proposait, qui me donnaient l'impression d'être déjà un vieillard impotent.
L'équipe ici a compris l'importance que j'attachais à mes chemises.
Au lieu de me pousser à les abandonner, ils ont proposé une solution ingénieuse : faire modifier discrètement mes chemises préférées en remplaçant les boutons par des pressions cachées sous la boutonnière d'origine.
De l'extérieur, elles gardent leur apparence classique, mais je peux maintenant les mettre et les enlever plus facilement, avec moins d'aide.
Ce petit aménagement peut sembler anodin, mais pour moi, il a fait toute la différence.
Pouvoir continuer à porter mes propres chemises, celles que ma femme m'avait offertes, celles avec lesquelles j'ai travaillé pendant des décennies...
c'est une part de mon identité que j'ai pu préserver.
Et le soin qu'ils mettent à les entretenir, toujours impeccablement repassées, me montre qu'ils comprennent ce que ces vêtements représentent pour moi. Robert, 84 ans
Le témoignage des familles
Ma mère a toujours été une femme coquette et très attentive à son apparence.
L'idée de la voir négligée ou portant des vêtements anonymes me terrifiait presque autant qu'elle.
Lors de son entrée en EHPAD, j'ai été particulièrement touchée par l'attention portée à son trousseau personnel.
La responsable du service linge a pris le temps de discuter avec nous des habitudes vestimentaires de maman, notant ses préférences de couleurs, ses associations habituelles, l'importance de certaines pièces particulières.
Ce qui m'a frappée, c'est qu'ils ont compris que le gilet violet tricoté par ma fille n'était pas juste un vêtement chaud, mais un lien affectif précieux.
Ils en prennent un soin particulier, le lavant à la main pour préserver sa forme et sa douceur.
À chaque visite, je retrouve ma mère habillée avec ses propres vêtements, ceux qui reflètent sa personnalité, toujours propres et bien entretenus.
Même avec sa maladie d'Alzheimer qui progresse, cette continuité vestimentaire semble l'aider à maintenir un sentiment d'identité.
Quand elle touche son collier de perles ou lisse son chemisier préféré, je vois qu'elle se reconnecte momentanément à elle-même, à qui elle a toujours été. Fille d'une résidente
Mon père a toujours été un homme élégant, presque austère dans son apparence - costume sombre, chemise blanche, cravate discrète.
C'était son armure professionnelle pendant quarante ans comme directeur d'école.
Après son AVC, nous avons dû envisager des vêtements plus pratiques, mais j'étais inquiet de sa réaction face à ce changement forcé qui touchait à son image de lui-même.
Lors de notre premier rendez-vous à l'EHPAD, j'ai été agréablement surpris par l'approche du service d'entretien du linge.
Au lieu de nous orienter uniquement vers des joggings et des t-shirts, comme je le craignais, ils nous ont aidés à trouver un compromis respectueux : des pantalons à élastique mais de coupe classique, des chemises légèrement modifiées pour faciliter l'habillage tout en gardant leur allure formelle.
Ils nous ont même suggéré de conserver quelques-unes de ses cravates préférées, non pas pour les porter quotidiennement, mais pour les occasions spéciales où cela lui fait plaisir de s'habiller correctement, comme il dit.
Cette attention à préserver son style personnel malgré les contraintes pratiques a grandement facilité son adaptation.
Le voir toujours présentable selon ses propres standards, avec des vêtements impeccablement entretenus, a préservé sa dignité à ses yeux et aux nôtres. Fils d'un résident
Le regard des professionnels
En tant que responsable du service linge, j'observe quotidiennement l'impact profond que les vêtements personnels ont sur le bien-être des résidents.
Madame Laurent, qui souffre de la maladie d'Alzheimer à un stade avancé, présente une agitation significativement réduite les jours où elle porte sa robe bleue à fleurs qu'elle affectionnait particulièrement avant sa maladie.
Cette observation nous a conduits à veiller particulièrement à la disponibilité de cette pièce et d'autres vêtements familiers dans sa garde-robe quotidienne.
Plus généralement, nous constatons que les résidents dont le linge personnel est traité avec une attention particulière à leurs préférences manifestent davantage d'intérêt pour leur apparence et, par extension, pour les interactions sociales.
Ce n'est pas seulement une question d'esthétique ou d'hygiène - c'est fondamentalement une question de reconnaissance de leur individualité.
Lorsque nous prenons soin de leurs vêtements personnels avec le même respect qu'ils y accorderaient eux-mêmes, nous leur signifions que nous les voyons comme des personnes uniques avec leur histoire et leurs préférences, pas uniquement comme des bénéficiaires de soins. Marie, responsable du service linge
En tant qu'aide-soignante participant quotidiennement à l'habillage des résidents, je suis témoin de l'importance capitale que revêtent les vêtements personnels bien entretenus.
Pour Monsieur Dubois, ancien commerçant très soucieux de son apparence, le moment de choisir sa tenue du jour est devenu un rituel valorisant qui structure positivement son début de journée.
Nous avons organisé son armoire selon ses préférences, avec ses associations habituelles facilement identifiables.
Son plaisir visible lorsqu'il enfile sa chemise bien repassée ou choisit son gilet en fonction de la température transforme ce qui pourrait être un soin contraignant en un moment d'autonomie préservée.
Ce que j'ai appris avec l'expérience, c'est que derrière l'apparente banalité d'un vêtement se cache souvent une histoire personnelle significative : cette écharpe offerte par un proche disparu, ce cardigan tricoté par une sœur, cette cravate portée lors d'occasions importantes...
Prendre soin de ces objets-mémoires, c'est prendre soin de l'histoire de la personne, de ce qui la constitue intimement.
Nos résidents le perçoivent profondément, même ceux qui ne peuvent plus l'exprimer verbalement. Sophie, aide-soignante